Comment avoir de la conversation?

Comment vous sentiriez vous si vous étiez capables de mener une conversation de manière totalement zen et en même temps intéressante avec la personne qui se trouve en face de vous? Imaginez pouvoir manier l'art de la conversation de telle manière que les gens soient à l'aise et apprécient de pouvoir discuter en votre présence?

 

Évidemment, il n'est pas toujours facile d'être serein face à des blancs gênants qui peuvent survenir. On a tous des moments où nos  idées

se tarissent. De même, nous ne sommes pas forcément à l'aise pour débuter une conversation avec une personne et avons peur de passer pour nuls devant la platitude de notre discussion sur la pluie et le beau temps...  Alors comment faire?

 

Avant toutes choses, il y a plusieurs petits éléments à prendre en compte :

  1. Il y a des gens avec qui il est plus facile de discuter pour deux raisons toutes simples : le feeling d'abord (personnalité qui vous plaît, goûts communs...) et le caractère ensuite (par exemple, quelqu'un de très bavard adorera trouver une personne timide qui saura l'écouter alors qu'elle ennuierait une autre bavarde. Autre exemple : deux timides ensemble vont peut être avoir du mal à trouver des choses à se dire sur le long terme ou a contrario seront plus à l'aise ensemble et parleront beaucoup. Il y a plein de cas de figure possibles et il n'y a qu'en essayant d'aborder l'autre qu'on peut le savoir).
  2. Tout le monde a peur des blancs, même les gens très sociables.
  3. Tout ne dépend pas que de vous. Quand on a peur de ne rien avoir à dire, on finit par poser trop de questions à l'autre sans regarder si le fameux feeling passe. Or, s'il arrive que l'autre ne joue pas le jeu, ne le prenez pas pour vous. Ce n'est pas de votre faute si le courant ne passe pas et si l'autre ne vous aide pas en n'alimentant pas la conversation. 
  4. L'état d'esprit de la personne à qui vous parlez à l'instant T est à prendre en considération : si elle est fatiguée, elle ne réagira pas aussi favorablement à votre verbiage que si elle est en pleine forme. Petite note humoristique : si une femme parle à un homme, il est probable qu'il soit moins volubile que si elle s'adresse à une autre femme, les hommes étant souvent moins bavards (évidemment, ce n'est qu'une généralité et non une vérité universelle)

Si je vous dis tout cela, ce n'est pas pour que vous rejetiez la faute sur les autres mais pour que vous arrêtiez de vous auto critiquer. Ne pas réussir à mener une conversation ne vient pas uniquement de vous. Nous allons donc voir quelques petits outils pour réussir à avoir une conversation intéressante avec une personne "normale", c'est-à-dire avec qui un minimum de feeling passe et qui fait aussi des efforts pour entretenir la discussion.

  • Évitez les questions fermées et/ ou pas assez développées. Elles ne sont pas un cadeau pour votre interlocuteur et l'empêcheront de rebondir. A contrario, une question plus précise amènera l'autre à vous répondre de manière plus prolixe. Exemple de question fermée : "Salut, ça va? Oui, merci, et toi? ça va." VS Question ouverte : "Salut, alors raconte moi comment s'est passé ton entretien? Super bien, d'abord, il y avait... Puis ensuite, truc de malade... Bon et puis j'ai fini par..."
  • Trouvez un sujet qui intéressera l'autre. Vous n'en avez aucune idée? Pas de panique, voici le sujet de conversation très simple qui passionnera forcément votre interlocuteur : lui parler de lui ou d'elle directement avec tu : "tu es donc prof, que penses tu de...", "si tu fais cette activité, tu aimes surement..."  et avec la 3ème personne du singulier "je trouve que les profs sont généralement...", "Les personnes qui font cette activité sont souvent..."  Puis, focalisez vous sur vos centres d'intérêt communs"Ah oui, moi aussi j'aime bien faire..."
  • La question la plus répandue quand on rencontre quelqu'un étant "que fais tu dans la vie?", vous devez préparer une réponse intéressante à l'avance et assez développée pour que la personne puisse rebondir. Exemple : "je suis pâtissier" est un peu court, préférez : "je suis pâtissier depuis 6 ans et depuis cette année, j'ai ouvert ma propre pâtisserie dans laquelle je ne propose que des éclairs avec toutes sortes de goûts" Ainsi, votre interlocuteur a de quoi vous poser des tas d'autres questions subsidiaires comme "et pourquoi des éclairs?" ou "fais tu des parfums originaux?" ou "où travaillais tu avant?" ou "et comment fonctionne ton projet, il y a des clients?"etc
  • Écoutez la réponse de votre interlocuteur. Une fois que votre question est lancée, ne soyez pas obnubilé par la suite de la conversation et donc sur ce que vous allez dire ensuite. Vous risquez de manquer d'idées alors qu'il s'agit tout simplement de vous concentrer sur ce que l'autre dit pour trouver des idées tout en lui montrant que vous vous intéressez à lui. Exemple : si l'autre vous répond "je suis aide-soignant à l'hôpital X pour m'occuper des enfants", ne dites pas juste "cool, et sinon, tu aimes le sport?" mais rebondissez sur sa réponse : "tu es dans un service avec des enfants, cela veut dire que tu aimes t'occuper d'eux". Dans ce cas là, la personne va pouvoir parler  de ce qu'elle aime et donc, avoir naturellement les mots qui lui viennent. 
  • Utilisez la situation autour de vous pour avoir quelque chose à dire. Vous pouvez commenter la musique et donc engager une conversation là-dessus. Vous pouvez également faire un commentaire sur la décoration, les gens qui passent, les vêtements de l'autre...
  • Et quel que soit l'outil que vous utilisez, ne soyez pas apathique mais mettez de l'intonation et donc de la vie dans vos questions et vos réponses. Même lorsque vous ne parlez pas, soyez présent en réagissant à ce que l'autre dit (hochements de tête, sourires...).
  • Pour encouragez l'autre à développer (très pratique quand on est timide), vous pouvez répéter l'un de ses derniers mots, soit juste comme un perroquet ("j'ai pratiqué le football pendant sept ans" "Sept ans, yahou!"), soit en trouvant une nouvelle question à partir de la fin de sa phrase ("J'ai pratiqué le football pendant sept ans" "et tu vas continuer encore plusieurs années, ça te plaît toujours?")

Objectif de la semaine :

 

-Choisissez trois des outils qui sont proposés plus haut.

 

-Utilisez-les à environ 5% de plus que ce que vous faites habituellement.

 

-Pratiquez-les dans la vie de tous les jours pour vous entrainer : avec la boulangère, vos collègues, votre conjoint, votre famille, vos amis proches et moins proches.

 

-Si vous en avez l'occasion, prévoyez une sortie avec plusieurs personnes pour vous entrainer à plus grande échelle.


Bilan

Avant de revenir sur les trois outils que j'ai testés, je voudrais apporter la confirmation que tout ne dépend pas de soi. Comme vous avez dû le remarquer, deux semaines se sont passées entre mon dernier article et le bilan d'aujourd'hui, pour la simple et bonne raison que j'étais partie en vacances. L'avantage, c'est que j'ai eu l'occasion de revoir des amis et de participer à plusieurs soirées, ce qui m'a permis d'utiliser plus souvent les outils. Or, j'ai surtout pu comparer les réactions des autres.

En effet, je me suis comportée exactement de la même manière avec les gens que j'ai côtoyés au cours de ces deux semaines et j'ai testé exactement les mêmes techniques pour développer la conversation. Et bien en fonction des personnes, cela marchait super bien ou pas vraiment. Un truc très simple m'a permis de vraiment m'en rendre compte : parler de son métier. Il m'est arrivé à deux reprise de discuter avec des gens à qui j'ai posé la fameuse question du "tu fais quoi dans la vie?" pour entamer un début de dialogue. Heureusement que j'ai pu utiliser l'outil écouter la réponse de l'interlocuteur quand ces personnes avaient fini de parler afin de poursuivre la conversation, sinon celle-ci aurait vite été terminée, alors qu'il aurait été tellement simple que l'autre fasse de même en me posant justement la même question... Ce qui ne s'est pas produit bien sûr et montrait leur total désintérêt pour moi. Mais c'est tout de même fou de voir à quel point certains ne font pas d'effort. Quand j'étais timide, je l'aurais pris pour moi, pensant que c'était de ma faute, alors que non, en tous cas, pas totalement. Après tout, quand il n'y a pas de poissons dans un lac, on a beau avoir appris une super technique de pêche, ça ne va pas marcher, sans que la technique soit malheureusement à remettre en cause.

Par contre, j'ai pu revoir des personnes avec qui cela a été très facile. J'ai d'ailleurs pu remarquer que celles-ci utilisaient sans s'en rendre compte les techniques dont je vous ai parlé, notamment pour demander ce que l'on fait dans la vie, écouter et rebondir dessus. Et quand on est deux à faire cela, la conversation s'avère très fluide et agréable. Il est donc important que nous gardions à l'esprit qu'une conversation est avant tout un échange. Si on ne peut pas en placer une parce qu'un autre parle trop ou que l'on doive à contrario animer la discussion tout seul parce que l'autre ne rebondit jamais, cela ne sera pas agréable.

 

Pour en revenir aux objectifs de la semaine, j'ai donc choisi d'utiliser les trois outils suivants et de les utiliser au moins à 5% de plus que d'habitude (parce qu'il est important de partir de là où nous en sommes) :

  • Trouver un sujet qui intéressera l'autre : ce qui a le plus porté ses fruits, c'est bien sûr d'interroger l'autre sur son boulot, ses hobby et aussi ses enfants s'il en a. Il faut simplement s'adapter à la personne : s'il est étudiant, lui demander comment se passent ses études, s'il a des enfants, lui en faire parler, s'il est vieux, évoquer sa santé, s'il aborde de lui même un sujet sur lui, continuer dans ce sens... C'est un peu caricatural, mais ça marche bien! En effet, à chaque fois que je l'ai fait, même avec des personnes de mauvaise volonté, il y avait de quoi commencer une conversation qui pouvait durer quelques minutes et  qui surtout  me permettait de briser la glace. Ensuite, en fonction du feeling avec l'autre, à vous de voir si vous poursuivez ou si vous stoppez. Après tout, si l'autre ne fait pas d'efforts... Il m'est arrivé une fois de me retrouver avec une personne qui ne me posait quasiment jamais de questions. Comme j'étais d'humeur à tester jusqu'au bout cet outil (parler de sujets qui intéressent l'autre), j'ai réussi à avoir une discussion assez longue avec celle-ci, qui semblait contente de répondre à mes questions et passer un bon moment. Mais personnellement, j'ai trouvé cela assez pénible de devoir mener la conversation seule et de faire tout le boulot sans que l'autre ne s'intéresse un minimum à moi. C'est censé être une échange tout de même...  Heureusement, la grande majorité des autres personnes a été réceptive et m'a renvoyé la balle. Cela s'avère donc être un bon moyen pour savoir si vous êtes avec une personne de bonne volonté ou non. 
  • Écouter la réponse de son interlocuteur : il s'agit de l'outil qui m'a le plus servi, surtout quand l'autre ne faisait aucun effort pour me poser des questions! J'ai par exemple longtemps parlé avec une fille de son métier sans qu'elle ne pose aucune question sur le mien alors que cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vue. Mais lui faire développer des choses sur elle nous a permis de mener une forme de conversation, même si c'était finalement ennuyeux pour moi. A contrario, avec une autre personne, nous avons pu avoir un échange super parce que nous nous sommes questionnées mutuellement et avons pu rebondir sur nos réponses respectives par une écoute attentive de l'autre et un réel intérêt pour ce qu'il dit.
  • Utiliser la situation autour de soi : cet outil m'a parfois servi quand les questions sur les métiers et hobby étaient épuisés et que je n'avais plus trop d'idée, les gens autour de moi ne développant pas beaucoup leurs réponses. A part une fois où cela est tombé à plat, c'est assez facile mais ne porte pas sur une discussion très longue si on ne pense pas à développer soi-même. Si vous dites par exemple que la musique qui passe est sympa, l'autre risque juste de vous répondre "oui, c'est vrai", et puis voilà! Non, il faut étoffer en disant que vous aimez la musique mais que vous ne vous souvenez plus de l'auteur par exemple. L'autre se fera ainsi un plaisir de montrer sa science et sera de bonne composition pour la suite. Par exemple, vous pouvez le questionner sur ce chanteur, lui demander s'il l'a déjà vu en concert. Et puis de fil en aiguille, d'autres sujets viendront naturellement comme les styles de musique, les concerts que vous avez vus... Mais pour revenir à ce qui est tombé à plat une fois pour moi, c'est lorsque, voyant que la petite fille d'une mère du groupe avait des nattes à la Laura Ingalls, je lui ai dit : "c'est chouette quand on est petite, on peut se faire des coiffures qui ne nous vont plus une fois grandes comme les couettes". La mère en question ayant de longs cheveux, je pensais que cette remarque lui permettrait de parler coiffure et autres trucs de filles et même de mères. Mais elle m'a regardé, a souri, et n'a pas répondu! Là, c'est vraiment blasant! Mais bon, ça peut arriver. Malheureusement, j'ai dû faire une gaffe, peut être qu'elle se coiffe comme ça parfois... A contrario, je me suis servi de mon environnement pour aborder un sujet que je pensais mort d'avance : les voix françaises qui doublent les séries et les films. J'y ai pensé en entendant une musique de film. C'était assez rigolo de voir les gens avec qui j'ai abordé le sujet rebondir dessus à ce point. Parfois, on tombe juste, heureusement ;) 

Dans tous les cas, pour finir là-dessus, j'ai retenu deux choses essentielles, à savoir, que l'autre doit jouer le jeu à deux niveaux (si on part du principe que vous suivez les conseils de cet article) :

-savoir vous poser des questions sur vous

-vous donner des réponses assez développées pour que vous puissiez continuer de trouver des idées

 

Et bien sûr, vous devez faire de même! La conversation, c'est un échange des deux cotés. Si vous ne trouvez pas d'écho de l'autre coté, vous allez ramer et si l'autre ne trouve pas d'écho de votre coté, vous allez le faire ramer! Alors que chacun fasse un petit effort, et si l'autre ne montre pas de réceptivité, j'ai envie de dire, tant pis pour lui!

 

Allons, courage à tous, timides comme moins timides et n'hésitez pas à me faire part de vos impressions dans les commentaires. A bientôt!

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Commentaires: 4
  • #1

    Philippe (mardi, 31 janvier 2017)

    Je pense qu'il faut écouter l'autre, en s'intéressant à elle ou à lui. Lui demander qu'est ce qu'elle aime le plus faire dans la vie. A partir des réponses de son interlocutrice, on peut approfondir le sujet de discussion et voir si on partage les mêmes centres d'intérêts. Je pense que si les personnes partagent des expériences, des visions communes, cela aide en entamer une confiance réciproque et donc briser la glace. Comme vous le dites si bien, le sourire sincère est essentiel pour établir un bon contact. Il facilite l'échange et la communication.
    Ne jamais oublier d'être soi-même, le plus naturel possible, en toute simplicité, tout en évitant une familiarité qui pourrait être mal perçue.
    En tout cas, merci Elodie pour ton article passionnant.

  • #2

    Élodie m (mardi, 31 janvier 2017 22:42)

    Très intéressant cet article ! Et c'est un sujet qui m'intéresse particulièrement. C'est vrai que tout ne dépend pas que de nous, mais c'est souvent ce qu'on pense lorsqu'on est avec des personnes avec qui on est mal à l'aise, mais oui, en fait c'est le feeling qui ne passe pas... La spontanéité peut être si facile avec d'autres, l'échange est tellement naturel des fois dès le premier abord sans que l'on sache pourquoi et parfois si laborieux... Mais il est certain qu'un sourire durant la conversation met tout de suite à l'aise l'autre et permet une conversation plus naturelle et vivante. La conversation est un miroir dit-on souvent. On voit donc l'intérêt de ne pas ronchonner pour ne pas faire fuire les autres, au contraire, il faut que les gens passent du bon temps en notre compagnie et recherchent notre présence. Il faut donc se montrer joyeux, ouvert, souriant, naturel, intéressant... pas toujours facile cela dit... Merci beaucoup pour cet article ! Je vais tester!

  • #3

    Elodie (auteur du blog) (mardi, 14 février 2017 14:49)

    Merci Philippe pour ton commentaire qui me confirme ce que j'ai expérimenté : une conversation se fait au moins à deux. S'il n'y a pas d'échange et d'intérêt pour l'autre, cela est voué à l'échec ou alors assez ennuyeux. Il est important de s'intéresser à l'autre, de lui poser des questions, comme tu nous l'as décrit.

  • #4

    Elodie (auteur du blog) (mardi, 14 février 2017 14:58)

    Merci à toi aussi Elodie m pour ton point de vue. Oui, le feeling ne se maîtrise pas et il ne faut surtout pas en faire une affaire personnelle (accords toltèques ;)
    Tu verras que si tu es avec une personne de bonne volonté, les outils marcheront super bien, comme j'ai pu le constater. Il ne sert à rien de s'accrocher à des personnes avec qui on ne s'entend pas naturellement. Après, il est important de ne pas en vouloir non plus à ceux qui ne font pas d'efforts. Tout le monde n'est pas forcément dans une démarche sociable et certains assument leur coté "je ne suis pas un hypocrite, donc je n'ai pas à me forcer à être sympa avec quelqu'un qui ne m'intéresse pas" alors que moi je trouve que c'est une forme de politesse d'être agréable un minimum, surtout quand l'autre fait l'effort de t'aborder!